mardi 17 août 2010
dette, encore et toujours
Pour rafraichir la mémoire, j'ai mis le lien des deux articles précédents qui abordaient la question.
Le retour de la question m' a été inspiré par des éclairages un plus international de la chose depuis le 14 juillet. En effet, avant cela personne ne parlait vraiment du sujet; de manière générale, connaissons nous vraiment les relations entre Haïti et la France pendant la colonisation et après l'indépendance?
Bref, lors de ce dernier 14 juillet, un faux site de l'ambassade de France en Haïti a été créé et annonçait le remboursement de la dette d'indépendance. Vous savez les fameux 90 millions de francs or payés par Haïti. Cela équivaudrait aujourd'hui à 17 milliards d'euros. Ce canular a été organisé par le Crime. Non pas la cosa nostra ni la mafia russe mais le Comité pour le remboursement immédiat des milliards envolés d'Haïti.
Ce lundi 16 août, une lettre ouverte au Président a été publiée dans Libération et signée par plusieurs intellectuels dont: Pierre Beaudet, Alternatives internationales , Myriam Bourgy, CADTM International (Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde) , Jose Bové, député européen Europe Ecologie , Noam Chomsky, Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly, Mathieu Kassovitz, Noël Mamère, membre de l'Assemblée nationale (France) . Je suis très déçue que BHL ne soit pas cité!
Il faut savoir quand même qu'en 2003, Aristide avait demandé le remboursement de l’argent extorqué à Haïti et que le gouvernement français avait commencé à participer a son renversement. Le gouvernement semble donc retourner sa veste aujourd'hui alors que le pays a plus que jamais besoin d'argent.
Quelle sera la prochaine étape du Crime?
vendredi 30 janvier 2009
retour sur la dette
Beaucoup se plaignent que si le gouvernement n'a pas de budget suffisant c'est à cause du poids innomable de la dette. Mais de quelle dette parle-t-on exactement? On assimile souvent la dette envers la France et la dette envers les institutions financières internationales. Nul besoin de vous dire qu'être français n'est pas forcément bien vu car nous sommes accusés de tous les maux du pays.
La première question est de savoir si Haiti paye encore sa dette d"indépendance ou non.
En 1825, Haïti s’engage à payer, en l’échange de la reconnaissance de son indépendance par la France, une indemnité de 150 millions de francs aux colons français que l’indépendance haïtienne avait dépossédés. Afin de payer la dette ainsi contracté, Boyer, le président haïtien de l’époque, édicta un « code rural » qui avait pour objet d’inciter les paysans au travail. Le but est d’exporter la quantité de café nécessaire au remboursement de l’indemnité. D'autres ressources d'exportation ont été mobilisés apparemment comme certaines essence de bois. Une partie de la déforestation serait aussi liée au bessoin d'agrandir les surfaces pour le café. Ce qui faut retenir c'est que ce sont les paysans haïtiens et non les classes possédantes qui ont payé l’indemnité. Ce code rural renforça l’hostilité de la politique officielle à l’égard de la paysannerie. La dette contractée en 1825, ramenée à 60 millions de francs or, fut entièrement remboursée presque un siècle plus tard en 1910. En tout cas je dis chapeau Haiti pour avoir rembourser la dette aussi vite en sachant que le café haitien était soumis à un double tarif douanier.


C’est après la mort, en 1971, de François Duvalier que Haïti a été admis, en 1972, comme pays éligible aux guichets privilégiés de la Banque Interaméricaine de Développement (BID) et de la Banque Mondiale. De la moitié des années 70 au début des années 80, les bailleurs bi et multi latéraux ont accompagné de leurs dons et de leurs prêts la très limitée et très éphémère « ouverture libérale » du régime dictatorial de baby doc.
Aujourd’hui la dette extérieure s’élève à 1,2 milliard US$ et le service de la dette exerce une ponction considérable sur les ressources d’Haïti : il a représenté, au cours des dix dernières années, le double du budget de santé publique. Plus de la moitié de la dette actuelle a été contractée par le régime des Duvalier, sans compter les emprunts qui ont suivi pour assurer les remboursements.
Le plus malheureux est evidemment que ces prêts n'ont pas vraiment améliorer la situation du pays.
On estime que l'argent envoyé par la diaspora représente 20% du PIB mais que représente les fonds envoyés depuis Haiti vers les banques américaines ou européennes?
mercredi 26 novembre 2008
Restavek
En échange du gite et du couvert, les enfants (surtout des filles) font le ménage, la lessive, et doivent donc aller chercher l'eau au fontaine s'il n'y a pas de connexion privée, cuisinent, s'occupent parfois des enfants. Cela laisse donc peu de temps pour aller à l'école.
« Il y a une nette augmentation d'enfants en domesticité et la situation est alarmante. Environ 300 000 enfants haïtiens vivent en domesticité dont 80% sont des filles. Jusqu'ici, les données relatives à ces enfants domestiques sont inexactes. Parce qu'ils n'ont généralement que peu ou pas de contacts avec des structures formelles comme les écoles, les centres de soins, ou les organisations confessionnelles, il est difficile d'atteindre ces enfants et leur nombre est probablement sous estimé», déclare Kinsley Sabbat, président du conseil d'administration de la Coalition haïtienne pour la Défense des Droits de l'Enfant (COHADDE).
On m'a assuré que tous les enfants ne sont pas dans cette situation et que certains peuvent vraiment accéder aux soins et à l'éducation qu'ils n'auraient pas s'ils restaient avec leurs parents.
vendredi 21 novembre 2008
pendant ce temps là, à Moustiques
Les semences pour 500 familles espérées de la FAO se font attendre. Les gens continuent de crever la dalle surtout dans le haut du bassin versant difficile d'accès. En 2 semaines, 7 enfants sont morts de sous-nutrition à l'hôpital de Passe Catabois et personne n'en parle en dehors d'ici. Sur les marchés de la zone ou dans les cantines (dont celle qui cuisine pour moi quelques fois), le riz distribué par le PAM se vend comme tout autre marchandise. On peut voir des gens bénéficiés de l'aide alimentaire alors qu'ils ont les plus belles maisons de la zone, tout çà parce qu'ils ont des relations avec des sphères plus hautes et ont pu se faire inscrire sur les listes.
En attendant, ceux qui ont vraiment faim ont du mal à trouver de la nourriture et le temps que les enfants arrivent à l"hôpital, il est souvent trop tard...
Et après vous devez supporter le personnel de la FAO qui vous dit que le problème des gens d'ici est qu'ils ne savent pas stocker des semences, ils ont toujours besoin d'assistanat...
lundi 17 novembre 2008
après les écoles, les maisons
Plusieurs centaines de familles se trouvent aujourd’hui menacées après le brusque effondrement partiel d’une maison, enregistré dans la matinée de ce lundi 17 novembre 2008, à Musseau dans la commune de Delmas, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Construite sur des failles près d’un ravin, cette maison, propriété d’un Haïtien vivant à l’étranger, aurait été habitée, jusque la semaine dernière, par des membres de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), selon des riverains.
Ils sont fous ces UN!!!
jeudi 13 novembre 2008
Qui a eu cette idée folle un jour d'inventer l'école?
Il y avait longtemps que l’on avait pas parlé d’Haiti dans les nouvelles du monde.
Le collège « La promesse évangélique » s’est effondré vendredi sur 350 élèves dans un quartier pauvre de Pétion-Ville (sans vouloir blasphémer si c’est la promesse évangélique je crois que je vais m’abstenir). Il y avait environ 350 élèves car le collège fonctionne comme beaucoup ici en double vacation avec une session le matin et une l’après-midi et accueille donc au total 700 élèves.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, une des pelleteuses dépêchées sur les lieux de la catastrophe a embouti 3 voitures blessant et tuant la quinzaine d’occupants. Le conducteur de l’engin seulement blessé a été gardé de force à l’hôpital de peur qu’il sa fasse lyncher du moment qu’il mettrait un pied dehors.
La population a critiqué le délai d’intervention des secours mais peut être que si tout Port-Au-Prince ne se précipitait pas au moindre évènement morbide, les secours auraient pu accéder plus vite au lieu de la catastrophe. Les Haitiens ont en effet l’air d’aimer passer des heures à regarder des cadavres comme ils le font aussi après des fusillades. Ainsi une véritable marée humaine a descendu hier tout Canapé Vert pour aller à Bois Patate avant de se replier sur Christ Roi.
Le bilan provisoire de pour la promesse « évangélique » est de 97 morts et 150 blessés. Un de nos voisins a perdu 2 de ses enfants et le 3ème était soit disant dans un des hôpitaux de la ville. Le « jeu » des familles est alors de faire tous les hôpitaux pour tenter de retrouver les siens, et encore faut-il qu’ils soient vraiment à l’hôpital.
Parlons justement des hôpitaux, le personnel soignant en grève a repris le travail face au flot de blessés et a miraculeusement obtenu le matériel d’urgence qu’il réclamait depuis des mois. La plupart des salles d’opérations ne sont pas fonctionnelles.
Et depuis c’est réaction en chaîne. Mercredi matin un mur d’une école s’est effondré à Bois Patate ne faisant que 8 blessés et un mouvement de panique dans une école à Christ Roi a aussi conduit des gamins à l’hosto. C’est un peu le double effet kiscool, un gamin croit sentir les murs bougés et là c’est hystérie générale, on saute par les fenêtres, on s’évanoui et tout bagay. Rebelote le jeudi matin avec un mouvement de panique après la chute d’un placo ou un truc du genre.
Alors oui aucun contrôle des constructions n’est réalisé, le pasteur responsable de « la promesse évangélique » a reconnu avoir construit le collège tout seul alors qu’apparemment une interdiction lui avait été donnée après inspection des travaux en 2000. On estime que près de 70% des constructions dans la zone métropolitaine sont illégales et donc possiblement dangereuses. Telle était le cas de cet établissement de 3 étages dans une ravine !!! Et encore il n’y a pas eu de tremblement de terre.
Certaines salles de classe accueillent plus de 150 gamins. Je vous passe l’école nationale du Guatemala en plein centre de Pétion Ville où les enfants font leurs besoins à même le sol car il n’y a pas de sanitaires.
Et au milieu de tout çà des profs qui ne sont même pas d’aligner 3 mots de français. Attention je ne critique pas la maîtrise de la langue de Molière mais les irréductibles n’ont hélas pas pu lutter contre le rouleau compresseur français et c’est donc cette langue qui a été retenu comme langue officielle pour l’enseignement. Et oui comme on l’explique dans les écoles privées pour les classes moyennes et aisées, le créole est la langue du peuple inculte et eux qui sont la future élite de la nation ne peuvent se rabaisser à parler cette langue dans leurs études et leur travail. Je trouve pourtant cela très regrettable. On pourrait donc s’attendre à ce que les professeurs maitrisent donc le français, ce qui n’est pas toujours le cas.
vendredi 10 octobre 2008
bidonville
mercredi 1 octobre 2008
Rembourse ta dette!!!
Haiti est le seul pays être né d’une révolution fructueuse des esclaves après 12 ans de guerre civile tout de même. La France étant un peu vexée, elle a imposé un embargo sur Haiti, suivie par les USA (à cette époque on était bien copains c’est vrai). Du coup, pris à la gorge, le gouvernement haitien a été contraint de passer un accord avec la France et a promis de rembourser 150 millions de francs de l’époque (soit 14.5 milliards d’euros –remarquons au passage à quel point le franc était fort à cette période). Et donc, comble de la situation, le gouvernement a été obligé d’emprunter de l’argent aux banques françaises pour rembourser sa dette, comme quoi le remboursement de la dette des pays en voies de développement est une vieille histoire. La France, dans sa grande gratitude a diminué la dette à 60 millions de francs sans intérêt remboursables sur 30 ans.
Le dernier paiement a eu lieu 50 après en réalité mais le remboursement officiel de la dette à pris fin en 1947 (Haiti est censé être indépendant depuis 1804 !), ce qui représentait 80% du budget ; ce qui laisse peu de fonds pour développer le pays sans nul doute.
A cela il faut ajouter l’occupation américaine de 1915 à 1934 (officiellement).
Le régime des Duvaliers n’a pas arrangé les choses : papa doc et baby doc ont contracté des dettes pour près de 630 millions d’euros dont le pays n’a souvent jamais vu la couleur…Aujourd’hui, les USA poussent à une annulation de la dette qui s’élève à 700 000 euros par semaine ! Du coup les secteurs de l’éducation ou de la santé ne sont pas en grande forme : Haiti concentre 60% des cas de HIV des Caraibes. On compte 25 docteurs, 11 infirmières et 1 dentiste pour 100,000 habitants (on en compte à peu près 8 fois plus en République Dominicaine).
Et de nouveau rebelote, en 1994 lorsque les Nations Unies réinstallent Aristide, le pays fait des emprunts auprès des grandes institutions financières avec des conditions très strictes (les fameux plans d’ajustements structurels) comme nationalisation des entreprises publiques, coupe nette des dépenses sociales et libéralisation économique (Haiti est d’ailleurs le pays le plus libéralisé de l’Amérique centrales et du sud).
A reflechir
samedi 20 septembre 2008
Evaluation de dégâts à Moustiques
Et voila, la mission commando commence.
La voiture a pu aller jusqu’au cimetière mais après il faut marcher et encore traverser 2 rivières. Le courant est assez fort.
Evidemment je suis tombée au premier passage, cela ne m’aurait pas poser de problème si je ne portais l’ordi, l’appareil photo et mes papiers. Plus de peur que de mal !!!
La zone est méconnaissable, en tout cas pour moi, je ne reconnais presque plus certains lieux. Quelques jardins ont été épargnés mais la plupart sont détruits.
Il n’y a toujours pas d’eau donc j’ai un jerricane d’eau pour boire et un pour me débarbouiller et tirer la chasse d’eau. Je renonce donc à me laver pendant ces quelques jours.
2 camions de la MINUSTAH ont pu traverser « 3 rivières » mais aucune aide ne peut arriver jusqu’ici et les hélicos sont mobilisés sur Gonaives… En attendant, il n’ya pas beaucoup de nourriture ici et ce n’est pas mieux à Port de Paix où il n’y a plus de farine et où le riz est extrêmement cher ; l’essence commence même à manquer.
Au milieu de tout çà, les gens vous racontent qu’ils ont perdu leur jardin ou leurs animaux en rigolant comme s’ils avaient renoncé à se battre contre ces évènements.
Les seuls qui s’éclatent en ce moment ce sont les enfants qui passent leur journée dans la rivière en crue à se laisser glisser dans le courant.
les moustiques pullulent dans la plaine et on peut craindre une épidémie.
dimanche 24 août 2008
MINUSTAH
Me voila de retour à Moustiques pour 15 jours.
J’ai commencé par une excursion dans Port de Paix pour plusieurs affaires.
D'abord, rencontrer Yvan, un corse qui bosse pour la MINUSTAH et qui est responsable des projets QUICKS, des projets de 3 mois pour 25000 dollars avec une comptabilité parfaite genre on a dépensé exactement ce qu’on avait prévu