Kokoye saison II

Si nous devons réinventer nos repères depuis le séisme, il y certaines balises qui sont restées, elles sont pour la plupart des balises naturelles.
La plage de Kokoye en est une et nous avons décidé de braver la météo douteuse et la date fatidique du début de la saison de pluies pour retourner passer un week end là bas.
La plage est toujours aussi paradisiaque et semble bénéficier d'un micro-climat ensoleillé.


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Mais le paradis ne vaut rien si on ne le partage pas avec nos amis! Voici donc Doudou et sa gratte.

Jerem et son bar flottant:

le crew de 50 gourdes en préparation du tournage du prochain clip

le clip

Ne me demandez pas pourquoi notre touche déco était dans l'esprit de Noel!




Nous avons lancé un nouveau sport: la pétanque et figurez-vous que les Haïtiens ont gagné!

brase brase brase brase

Depuis le 11 juin, le pays est plongé dans une torpeur d'une amplitude jamais atteinte, ponctuée d'explosion de joie çà et là.
On peut parfois reprocher aux Haïtiens leur manque ou absence d'anticipation mais en ce qui concerne le Mondial de Foot, tout était déjà planifié. J'en veux pour exemple un journalier dans le Nord Ouest qui nous a demandé comment on faisait pour son contrat de réparation de route pendant 2 semaines alors que la coupe du monde arrivait. Il nous a demandé s'il travaillait pendant la coupe du monde ou s'il arrêtait pour reprendre à partir du 11 juillet.
Et oui car décalage horaire oblige, les matchs sont programmés ici à 6h30, 9h00 et 13h30 ou comment bloquer des journées entières! D'ailleurs mon gardien est incapable de se rappeler la denrière fois qu'il a vu le chat tellement il est "fou pour le Mondial".
Car même si l'équipe nationale n'est pas en lice, chacun à son équipe favorite et toute le monde suit les matchs avec assiduité.
On affiche d'ailleurs ses couleurs sur les tap-tap et les voitures avec des drapeaux:



Le Brésil est la grande équipe favorite suivi de près par l'Argentine.

J'ai même trouvé des supporters de la France (bon çà s'était juste après le premier match, quand on espérait encore).

Pour beaucoup, cette coupe du monde est une soupape psychologique après le séisme et les dures conditions de vie depuis. Du coup la MINUSTAH a annoncé avoir disposé plus de 100 écrans géants dans tout le pays. Je n'en ai pas encore vu un seul même si je sais que le stade nationale en ait doté. Il parait même que nous avons aussi quelques vuvuzelas.
Sinon pour suivre les matchs il y à la télé ou la radio et là c'est le plaisir des oreilles.
Évidemment, Haïti n'a pas les moyens d'envoyer des journalistes en Afrique du Sud, les commentateurs sont donc installés devant leur poste de télé comme vous et moi et commentent les images que vous voyez aussi bien qu'eux. Du coup, lorsqu'il y a un blessé avec beaucoup de monde autour et qu'on ne voit plus son nom sur le maillot, le commentaire devient "il y a un blessé".
Par contre, comme partout ailleurs, il y a beaucoup de sponsors qui ont aidé les chaines à payer les droits de diffusion et qu'il faut remercier. Comme apparemment 15 minutes de mi-temps ne sont pas suffisantes pour faire de la pub, voici ce qu'on entend:
"Kaka passe à Anderson qui dribble pour Ronbinho, lait Bongu, li pi bon li pi gou.... brase brase, brase brase (faire le jeu, faire circuler le ballon), quel match intense! mais les joueurs pourront recharger leurs batteries grâce à superpower batteries!"
Du pur délire, par contre "Waka waka" de Shakira, 100 fois par jour, çà commence un peu à m'énerver!

Haïti, 5 mois après

Bientôt 6 mois depuis le séisme. En attendant le nouveau flot de journaliste venus voir ce qu'il se passe 6 mois après, voici quelques éléments peut être pas mis en avant sur les médias.

Expertise des bâtiments

Des ingénieurs du ministère des travaux publics ont été formé par des américains à une méthode japonaise (???). Ils ont visité chaque maison et affichent leur verdict sur le portail ou le mur:

- rouge: interdiction d'y entrer, en même temps quand il ne reste plus qu'un poteau, c'est sûr qu'on risque pas d'y entrer!

- jaune: des travaux sont à faire
- vert: RAS, vous pouvez rentrer chez vous en toute sécurité

C'était la première étape de la reconstruction car aucune autorisation de construire ne peut être donnée avant la fin de l'expertise. Cette étape est terminée ou presque mais le plus inquiétant c'est qu'apparemment, rien n'a vraiment été décidé sur la reconstruction: où, comment? Aucune nouvelle d'un plan d'aménagement urbain si ce n'est ces magnifiques paroles du Ministre des Finances: PAP regardera vers la mer alors qu'elle lui tournait le dos (resort à la dominicaine pour touristes, all inclusive): il y aura de l'électricité 24h/24; des feux tricolores, et les marchandes disparaitront des trottoirs et des rues. I have a dream...

les camps se pérennisent

Deuxième problème: le déblaiement est à la charge des particuliers et cela coûte bonbon. Les Haïtiens attendent que des organisations les aident pour çà. Ceci explique que beaucoup de gens dans les camps ne veulent pas retourner chez eux alors qu’ils pourraient. Et puis quitter le camp c’est dire adieu à l’eau, la nourriture, les soins médicaux gratuits. Pas cons les Haïtiens, ils utilisent le système que des pauvres blancs naïfs ont mis au point. Et oui car même si toutes les organisations incitent les gens à partir, nous avons des remords à les expulser manu militari. Vous pouvez donc maintenant manger ou dormir dans des établissements haute classe de Pétion-Ville dans l'ambiance des effluves de latrines et déchets des camps juste à côté de vous.

La sécurité dans les camps n’a jamais été géniale surtout pour les femmes mais depuis peu, on éventre des tentes pour voler au Champ de Mars (place en bas la ville avec l’ancien palais national) alors que ce camp est un des seuls allumés toute la nuit car l’Ambassade de France (qui donne sur la place) s’est engagé à payer l’électricité.

Mais bon ne soyons pas trop pressé, la phase de reconstruction commence en juillet comme l’a dit le gouvernement, en pleine saison des pluies, nickel chrome niveau calendrier avec une saison cyclonique qui a commencé officiellement le 1^er juin et qui a été prévue comme l’une des plus violentes de ces dernières années, yahoo !!!!!!!!!!

Et le plus triste c'est que les Haïtiens se plaignent certes mais ne se rebellent pas, ils ont une fois de plus baissés les bras face aux belles paroles qui ne restent que des promesses.

Sinon, gros baby boom spécial « y a rien d’autre à faire dans des tentes » prévu d’ici 6 mois. Toutes les femmes ou presque sont enceintes. Entre autre car la stratégie pour une famille (souvent nombreuse) a été de séparer pour squatter une tente dans plusieurs camps pour capter un max d’aide (qui ose encore dire que les Haïtiens sont idiots malgré leur médiocre éducation) et comme un jeune de 15 ou 18 ans ne peut rester seul dans une tente, il prend une nénette pour faire croire que sa femme et bon, autant jouer le jeu à fond… Le seul hic c’est que soit d’ici 6 mois on remet sur pieds des maternités/hôpitaux (avec soins gratuits, faut pas rêver) ou alors, çà va être le bordel…Alors avis aux familles en Occident, gros arrivage de petits haïtiens à adopter.

Sinon, tout le monde dans les camps veut une télé pour regarder le mondial (rien à foutre de la saison des pluies, des moustiques, de la typhoïde et du palu) qui avec le décalage horaire tombe en pleine journée donc je prévois une productivité nationale quasi nulle entre le 11 juin et le 11 juillet.

Ma tente en Haïti tapie au fond des bois

Une rumeur court en Haïti qu'il existe encore quelques forêts majestueuses.
Aventuriers sans peur et sans reproches, nous nous sommes lancés sur la piste d'une de ces forêts.
Alors voici les indications, en sortant de PAP, direction la Croix des Bouquets et route vers la frontière dominicaine. Après Fonds Parisien, on tourne à droite, et on file vers le sud, direction Fonds Vérette. Sur la route, on aperçoit le Lac Enriquillo, côté dominicain. D'ailleurs sur la photo ci-dessous, la ville en contre bas est en Rep Dom alors que nous on grimpe encore côté haïtien.


Après Fonds Vérette, on continue de grimper et là, paf on pénètre dans une sombre forêt de pins, nommée tout simplement, la forêt des pins, en contre-bas du plus haut sommet haïtien, le Pic de la selle.
Ca n'a l'air de rien mais quand on vit entre Port au Prince et le Nord Ouest aride depuis 2 ans, cette forêt est une vraie bouffée d'air pure.

On a même trouver des fraises des bois et des mûres!!!!!!!!!!!!!!!!

montage des tentes

Et oui à 1700 mètres, il fait frisquet voire même froid dès que le soleil tombe.

Nous avons testé l'ultimate freesbee.

Et enfin, les photos de groupe traditionnelles:

les piranhas

la peur

glamour

happy faces!

Intérieur haïtien

Autant les gingerbreads en imposent et certains intérieurs haïtiens sont assez sympa, autant la plupart des Haïtiens espèrent un jour vivrent dans çà:
un grand lit en bois avec couverture satinée et amoncellement de bibelots kitchissimes sur la commode...
C'est un style.