jeudi 9 décembre 2010

Le dindon de la farce

Bon je sais c'est pas trop dans l'ordre chronologique:

Le scrutin de dimanche était un grand rendez-vous. La communauté internationale en était fière : imaginez on compte sur les doigts d’une main (de lépreux), le nombre de fois où un président a passé le pouvoir à un autre démocratiquement élu. Beaucoup voulaient retarder ces élections : trop tôt après le 12 janvier (beaucoup de bureaux de vote étaient dans les écoles) ; risque d’explosion gigantissime de choléra. Pour une fois, la communauté internationale a gagné la manche. Euh … attendez, non en fait la communauté internationale décide toujours de tout en Haïti. Le top départ était lancé à 6h (on se lève tôt en Haïti) mais comme rien ne sert de courir, il faut arriver à point, beaucoup de bureaux de vote n’ont ouvert que vers midi. Deuxième problème, nombreux sont ceux qui n’avaient pas obtenus leur carte d’électeur. Ceux qui avaient leur carte repartaient souvent brocouille car leur nom n’était finalement pas sur la liste du bureau de vote dans lequel ils devaient voter. Petit blague, cela est même arrivé au candidat du parti au pouvoir, Jude Célestin qui s’est pointé là où un de ses homonymes devaient voter mais pas lui. Sauf que lui, contrairement aux autres quidams, a obtenu un PV pour voter là où il s’était pointé.

Dès la mi-journée, la plupart des candidats de l’opposition parlent de fraudes massives : avant de rentrer dans le bureau, il faut annoncer pour qui on va voter et si ce n’ est pas pour INITE (parti de Préval), on se fait refouler. Des partisans bourrent des urnes de bulletins pré-remplis en faveur d’INITE… A 16h, 12 candidats demandent à annuler les élections. Cette demande n’a rien d’officielle d’après le conseil électoral qui lui annoncé à la fin de la journée que c’est un succès et le vote est valide sauf dans 53 bureaux.

Là je dois vous faire partager la perle d’un membre du comité électoral : Nous n'avions pas la prétention d'organiser des élections sans irrégularités. Ce sont des irrégularités qui sont dues aux faiblesses des structures de l'Etat" haïtien. Je pense pour ma part qu’il y a irrégularités parce que cela arrange bien l’Etat.

Les bulletins comment à être dépouillés le soir même mais les résultats ne seront connus officiellement que la semaine d’après. Sauf qu’au fir et à mesure, des pourcentages partiels commencent à sortir. Et ils sont assez favorables à deux des principaux candidats, qui seraient même devant le candidat d’INITE : Martelly (le chanteur de Sweet Micky) et Mirlande Manigat. Du coup, ces deux candidats se désolidarisent des 12 et ne signent pas la demande d’annulation. Ils se disent prêts à participer au deuxième tour. L’espoir de faire annuler cette vaste blague diminue : seul l’esprit groupé pouvait permettre une remise en cause. Le vent commence à tourner : le porte parole d’INITE annonce que son parti est prêt à reconnaître la défaite et participer à un gouvernement de coalition (çà sentirait pas les accords secrets entre opposition et INITE, çà ?)…

A ce moment là, il faut revenir sur les cris à la fraude lancés par Martelly et Manigat. Soit INITE était vraiment derrière et le bourrage d’urne n’a pas été très efficace ; soit Manigat et Martelly ont aussi profité de fraudes en faisant déguiser leurs partisans en partisans d’INITE.

 
Quand va-t-on arrêter de se foutre de la gueule de ce pays ?  

mercredi 8 décembre 2010

Sons et lumières

Port au Prince, çà tire, çà crie.
Non ce n'est pas encore Noel ou la nouvelle année.
Nous sommes le mardi 7 décembre, 22h00. Les résultats préliminaires des élections viennent d'être publiés.

Après plus de 2 heures de retard, le porte-parole du conseil électoral annonce d'abord les résultats pour les députés et sénateurs puis vient enfin les résultats des présidentielles.
Déjà quelques heures que la tension est palpable, tout le monde a voulu rentrer chez lui avant 18h, comme si les résultats avaient pû être annoncés à l'heure...Des blocus monstres. Depuis 18h, nous sommes tous collés à nos postes de radio pour attendre quoi? Une révélation? Malgré les papiers dans la presse internationale, chacun sait au final que les résultats sont en contradictions avec ce qui a été annoncé.
les rumeurs courent depuis une semaine. c'est le problème à devoir attendre des résultats (préliminaires), çà laisse le temps de lancer des rumeurs.

C'est comme assisté à une pièce racinienne:
acte I: cris à la fraude
acte II: les candidats les mieux placés acceptent finalement de ne pas demander l'annulation. Accepter de rentrer dans ce système pourvu qu'on a des chances de gagner...
acte III: le candidat adoubé parle enfin à la presse et rappelle qu'un candidat n'a pas le droit de manifester avant la publication des résultats. Aucune importance pour les candidats à 1% mais cela s'adresse aussi à quelqu'un de bien placé. En gros, créer la peur
acte IV: lever de rideau; le candidat du parti présidentiel passe au deuxième tour avec seulement 6000 voix d'avance sur le candidat populaire. Surtout quand on sait que seul 22% de la population a voté. Etonnant, non?
5500 observateurs nationaux avaient pourtant donné une idée différente des deux candidats qui seraient au deuxième tour. 5500 observateurs dans le pays depuis plusieurs mois, payés une fortune et qui n'ont surveillé le dépouillement que de 1600 bureaux de vote. Avec un peu de chances les seuls 1600 bureaux de vote où il n'y a pas eu de fraudes (ben oui vu qu'ils étaient là, on a joué la comédie pour leur faire croire que tout allait bien)

Il est maintenant 21h30-22h et les coups de feu commencent à être tirés. Des barricades sont installées un peu partout, on brûle des pneus, on arrache les affiches du parti présidentiel...
La nuit va être longue.
Il est 22h et les radios et télés retournent à leur programme habituel: l'attaché de presse est parti de suite après avoir déblatéré les résultats, les journalistes n'analysent pas les résultats.

Il est 22h et la télévision nationale Haïtienne diffuse un concert de Michèle Torr.

dimanche 28 novembre 2010

Cholère!

Alors oui je parle encore du choléra mais je voulais présenter les choses selon un autre point de vue, celui du terrain et quelqu'un qui n'a pas de formation médicale.
Au dispensaire de Passe Catabois, les malades arrivent au rythme des chants des personnes qui l'accompagnent: on chante, on fait du bruit pour montrer à la mort qu'on est vivant, en espérant qu'elle ne perçoive pas le malade au milieu de ce raout et l'emporte. Je ne sais pas combien arrivent chaque jour: 3, 4? Mais pour ceux qui arrivent, combien dans les mornes ne peuvent atteindre le dispensaire? Avec le choléra, chaque minute compte et devoir marcher pendant des heures pour atteindre le 1er centre de soin où l'on sait qu'on pourra être soigné, devient une course contre la montre.
Le problème que l'on rencontre dans le transport des malades est aussi la peur. Les Haïtiens savent qu'ils peuvent tomber malades en manipulant des personnes infectées. Alors quand on rencontre quelqu'un qui a besoin d'aide, on choisit plutôt de le laisser mourir sur place plutôt que de prendre le risque de s'infecter.
Et que dire de la gestion des corps? un centre d'information a été mis en place. il suffit de faire *300 pour avoir des infos ou demander une ambulance ou une désinfection de corps pour une personne décédée. J'ai testé le numéro depuis le Nord Ouest et je n'ai jamais réussi à les joindre.
Qui va venir se déplacer dans les mornes Haïtiennes où il n'y a pas toujours de signal téléphonique pour désinfecter un corps??? Enterrer les personnes: où? Quel risque de contamination des nappes?

En attendant, les savons, sachets de sérum oral ou aquatabs ne sont toujours pas disponibles. Le SNEP (bureau d'eau potable et d'assainissement) na pas assisté aux 3 rencontre de coordination de la réponse dans le département. ils sont censés organiser le distribution avec les maires et responsables des sections communales. POur le moment, aucune nouvelle.

Puurquoi on n'a-t-on toujours pas organiser des postes de réhydratation? ces postes peuevnt être installer et gérer par du personnel non médicale, quelques heures de formation et les personnes peuvent s'en occuper. le but et de pouvoir prendre en charge les personnes qui peuevnt être réhydrater par voie orale laissant aux centes de santé, les seules personnes trop déshydratées et qui doivent être prises en charge avec des perfs.

mardi 23 novembre 2010

un jour j'irais à New York avec toi...



A New York :

- les gens font du jogging

- les gens se baladent avec leur mug en carton de leur café, mocha ou latte préféré (bonjour les déchets)

- on boit au Starbucks !!!!!!!!!!!



- on prend les taxis jaunes (pas chers)
- les bouches d’égout fument

- on va voir des comédies musicales sur Broadway

- on fait le plein d’électricité à Time Squares


- on se délecte des couleurs automnales dans Central Park
- on va patiner en bas du Rockfeller Center
- on affiche l'amour pour son pays
- on a le vertige
- on fait du Hip Hop
- On croise même Bob l'Eponge à Wall Street
- on croise les pompiers en intervention au très chic Sheraton

- on se remémore les scènes de Friends ou de West Side Story sur les escaliers de secours


- on mange des cupcakes aux couleurs flashy


jeudi 4 novembre 2010

une histoire de guédé

La fête des morts s'appelle aussi les guédés ici.
Les guédés se sont les esprits des morts. Ils sont bruyants, grossiers, et montrent un grand appétit pour les nourritures terrestres, l'alcool et le sexe. Les guédés sont menés par le baron samedi, la patron du cimetière, le premier mort à avoir été enterré. Il a sa croix dans chaque cimetière auprès de laquelle on vient d'abord se recueillir. La femme de baron samedi est la grande Brigitte.
Et évidemment, les guédés en profitent pour venir habiter les humbles terriens venir se recueillir sur la tombe de Tata Suzanne.

Et cette année, un prêtre vodou a roué de coup un estropié à l'aide de sa propre béquille car celui-ci voulait se faire passer pour un guédé car les morts peuvent rire de nous mais on ne peut rire des morts.


Alors évidemment, commes les guédés sont morts, ils sont sans peur (et sans reproche?), du coup, on boit du clairin au piment, on mange du verre (c'est un peu plus croquant que la galette de boue) et on s'enduit les parties génitales de piment

modernisons les transports

L'association des artisans tap tap haïtiens vient de présenter un nouveau modèle de tap-tap répondant aux normes de transport international.
Le tap-tap est le mini-bus haïtien. Le nom vient du fait que l'on tape sur la carrosserie pour demander au chauffeur de s'arrêter, car il y a bien des panneaux indiquant les arrêts de bus mais comment dire, personne ne les utilise, on peut donc demander à un tap-tap de nous arrêter où qu'on veuille. Ayant pratiqué le tap-tap en province, je dirais que tap-tap pourrait aussi venir du fait que ces transport en commun sont de véritables tape-cul.
Un tap-tap est pas définition bondé, si des gens ne se "quichent" pas debout à l'arrière, se faisant expulser à la moindre accélération, il faut se méfier.
Les tap-tap du bas de Port au Prince sont très colorés avec des dessins extraordinaires et font véritablement partis du patrimoine culturel. Tel le tap-tap "Chuch Norris" que j'ai eu devant moi pendant l'heure de bouchon entre Carrefour et Martissant...
ce nouveau modèle va donc "révolutionner le transport en Haïti". Demander à quiconque à vécu en Haïti de vous parler du transport...
"Un espace a même été aménagé à l'intérieur du véhicule pour que les passagers puissent faire leurs besoins physiologiques". On reste évidemment sur sa faim, çà peut vouloir dire qu'il y a un espace un peu privé avec un siège de toilette, qui sait mais qui sera vide occupé comme une place assise. Et puis ne me parlez pas de circuit fermé, de récupération des excréments... Si çà se trouve, la toilette débouche directement sur la voie comme les toilettes des TER.

Une porte de secours a même été conçue! Pourquoi on a besoin d'une porte de secours? Ah oui comme çà on pourra toujours trouver des place debout à l'arrière...

mardi 2 novembre 2010

Tomas

J'ai toujours tendance à dire que je suis comme St Thomas, je ne crois que ce que je vois. Et bien j'aurais préféré ne pas voir cette prédiction du centre de suivi des cyclones.
Tomas est redevenue une tempête tropicale mais devrait regagner de la force d'ici mercredi.
Il sera de catégorie 1 (au moins) lorsqu'il devrait toucher Haïti dans le Sud, traverser le pays, en passant pas Gonaïves (bis, et ter repetita) et le Nord du pays entre vendredi et samedi.
Le Sud est en alerte rouge et orange pour le reste du pays.
La pluie comme le vent représentent autant de menace pour les 1.3 M de personnes dans les camps. On leur a d'ailleurs conseillé de partir s'abriter quelques jours chez quelqu'un mais évidemment les déplacements ne sont pas aussi faciles avec le choléra dans le Nord du pays.
L'apôtre Thomas symboliserait le doute, mais là il n'y a pas vraiment de place au doute...

samedi 30 octobre 2010

Haïti au temps du choléra

En Haïti au temps du choléra, on ne serre plus la main pour ne pas propager d'éventuels germes. Alors du coup, on se tape les poings comme le cliché des jeunes dans les banlieues. La caissière (qui ne sourit jamais), l'écolière portent même des gants...
En Haïti où les gens sont chaleureux, on conseille de ne plus s'embrasser. On se dit bonjour d'un geste de la main lointain...

Sinon ce week end c'est la fête des morts ou les guédés. Je ne sais pas si le lien marche mais essayez si vous voulez quelques photos:
http://www.facebook.com/home.php?#!/album.php?aid=2084305&id=1073963073

vendredi 22 octobre 2010

Am, stram, gram, pic et pic et choléra

Update du 29 octobre : 33O morts et 4649 malades

J'ai piqué ce titre à Nelly, qui présente une émission sur la télévision nationale.
Cet article est la première mouture d'un article que je vais soumettre au journal interne de PROTOS. Vous en avez la primeur et je réactualiserai les données le plus possible.

Evidemment, on prend rarement la plume (ou le clavier) ou la parole pour dire que tout va bien. Pourtant, j’aurais voulu écrire pour faire part de signes d’espoir, 9 mois après le séisme mais une fois de plus, ce n’est pas le cas.

Les faits

Une épidémie de choléra a frappé le Bas Artibonite et le Bas Plateau Central (voir carte) vers le 18 octobre. En 4 jours on a recensé 138 morts et plus de 1500 malades. Dès le 22 octobre, des cas dans l’Arcahaie étaient recensés puis ce furent Hinche, Port-au-Prince et Limbé qui furent touchés. Au 27 octobre, le bilan officiel est de 292 morts et 4147 malades.

On avait longtemps craint une épidémie dans l’aire métropolitaine après le séisme du 12 janvier alors que les conditions de vie des rescapés étaient précaires et que les autorités avaient du trouver une solution à la gestion des centaines de milliers de corps.

C’est pourtant en zone rurale que l’épidémie a frappé, comme un rappel à tous que les efforts louables développés dans la zone d’impact direct du séisme ne doivent pas occulter la réalité de la vie des Haïtiens en zones rurales, les Haïtiens du « pays en dehors ».

La maladie

L’évocation de cette maladie évoque pour la plupart des habitants des pays développés, une maladie moyenâgeuse, pourtant l’OMS recense chaque année 3 à 5 M de cas et 120000 décès. Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae. 80% des cas sont traitables avec des sels de réhydratation orale mais les cas les plus sérieux nécessitent des perfusions (photo david darg).

En général, environ 75% des sujets infectés ne manifestent aucun symptôme, bien que le bacille soit présent dans leurs selles pendant 7 à 14 jours après l’infection et soit éliminé dans l’environnement, où il peut potentiellement infecter d’autres personnes. Mais la forme présente dans cette zone d’Haïti semble très virulente : très courte durée d’incubation (quelques heures), diarrhée et vomissements intenses (mais sans douleur abdominale) qui provoquent la mort en quelques heures. Le ministre de la santé, Alex Larsen a confirmé le 22 octobre qu’il s’agissait d’une souche de type « O1, le type le plus dangereux ». Le dernier cas de choléra en Haïti remonte au siècle dernier.



La situation dans les hôpitaux

La faiblesse générale des individus en lien avec la malnutrition, ou des personnes infectés par le VIH crée un terrain favorable au développement rapide de telles épidémies. Se pose aussi le problème de l’accès aux services de santé, limité en zone rurale. L’hôpital de Saint Marc est débordé et les patients sont traités à même le sol (photo le nouvelliste). Les centres de santé doivent être ravitaillés rapidement en solution saline pour la réhydratation et doivent gérer les corps des décédés. A l’hôpital de Saint Marc les corps sont mis dans des sachets, désinfectés mais dans d’autres communes comme Grande Saline, les corps des victimes sont privés de sépulture individuelle et mis dans une fosse commune. Une douleur de plus pour les familles dans un pays où les croyances liées l’enterrement sont importantes. Dans des régions plus reculées, les crues des cours d’eau limite les déplacements et empêchent certaines personnes d’atteindre les quelques centres de santé existants. La course à l’eau potable, des moyens de traiter l’eau ou au sérum de réhydratation a commencé ; elle a même été instrumentalisée par les politiques candidats à la présidence ou aux législatives (sénateur ou député). Ironie du sort, ce même 22 octobre, des stations de traitement d’eau devaient être inaugurée à Bocozelle (une section de Saint Marc).


Quelle source de contamination ?

A l’heure où paraissent ces quelques lignes, la source de contamination a été identifiée au niveau du fleuve Artibonite. L’hypothèse soulevée et sur laquelle travaille le gouvernement reste la contamination d’un affluent du fleuve par vidange de latrines d’une base MINUSTAH. Si tel est le cas, cela ne remonterait pas l’estime des Haïtiens en ce qui concerne la présence des Nations Unies dans le pays. La MINUSTAH a évidemment démenti toute implication.

L’état environnemental, et les conditions d’hygiène et d’assainissement des habitats auraient permis à une telle épidémie de se propager. La faible couverture et le mauvais fonctionnement des réseaux d’eau potable en milieu rural contraignent encore la majorité des personnes à boire l’eau des rivières et de sources. Aussi, selon plus d’un, l’eau de rivière aurait « ce petit goût en plus », …On compte aussi très peu d’infrastructures d’assainissement et la population reste peu informée des comportements préventifs pour éviter la propagation de ces maladies.


Quelle évolution ?

Après les décès par dizaine les premiers jours, la progression de l’épidémie semble avoir marqué un pas et le gouvernement a proclamé que l’épidémie était contenu. Cependant, au même moment, les ONG et Nations Unies, se veulent encore alarmistes en disant craindre une propagation massive, opinion plus largement relayée par les médias que la position encourageante du gouvernement Haïtien. Cette crainte est entre autre basée sur le fait que dans les localités assez reculées et peu touchées par les distributions de traitement de l’eau, les populations continuent de boire l’eau de l’Artibonite. Comme rappelé plus haut, 75% des personnes ne présentent pas de symptômes mais peuvent contaminer l’environnement et assurer la propagation du bacille par leur excréta, et ce, jusqu’à deux semaines après leur contamination. Ainsi il est fort probable que le choléra reste présent dans le pays pendant encore plusieurs années. Cette situation implique un changement des habitudes et de la politique d’accès à l’eau selon certains médecins.

Si le nombre de décès journaliers diminue, on ne peut dire que l’épidémie est contenue dans le sens où elle progresse géographiquement. Cette progression (voir carte) est liée aux mouvements des personnes mais les cas de morts sont ceux de personnes qui ont contracté le choléra dans l’Artibonite. Ainsi, on n’assiste pas, pour l’instant, à la création de nouveaux foyers de contamination. La zone métropolitaine est particulièrement sous surveillance car la propagation au sein des camps de sans-abris pourrait être catastrophique comme cela avait été le cas au Rwanda en 1994 avec la mort de 23,800 personnes.

Craignant une propagation, la République Dominicaine a décidé de contrôler la frontière et d’interdire l’entrée sur son territoire à toute personne sans passeport ; une mesure jugée non nécessaire pourtant par l’OMS. Ceci paralyse tout le commerce, une activité économique importante pour les villes de part et d’autre de la frontière (les marchandes des deux pays sont autorisées certains jours à se rendre d’un côté et l’autre sans contrôle d’identité). Des incidents avaient d’ailleurs eu lieu à Ouanaminthe, menant les soldats de la MINUSTAH à disperser la foule avec du gaz lacrymogène. Deux jours après, les voisins ont accepté la réouverture mais les marchés binationaux devront respecter les mesures d’hygiène et de contrôle mises en place par le Ministère de la Santé Dominicain.

La psychose s’installe et la population a attaqué le personnel de MSF à Saint Marc protestant contre l’installation d’un centre de traitement de 400 lits craignant que la zone toute entière soit contaminée.

Les réponses

La présence d’ONG médicales sur Port-au-Prince a permis une réponse rapide avec l’installation de centre de traitement du choléra à Saint Marc ou à Port au Prince

Le président Préval a indiqué que la Direction Nationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement (DINEPA) devra lancer un programme de purification des eaux dans la région. La DINEPA est responsable de la distribution d’Aquatabs ©, HTH, sérum de réhydratation et savon par l’intermédiaire des OREPA existants, mairies, CASEC (sortes de maires ruraux) et ONG ; même si l’on note encore des accrocs à la coordination.

PROTOS travaille avec le CPH à Belladère (voir carte) qui se situe aussi dans la grande zone du Bas Plateau. Pour l’instant, aucun cas n’y a été recensé mais la prévention reste de mise. Les activités de construction d’un réseau d’eau potable, sensibilisation et responsabilisation des populations à améliorer leurs conditions d’hygiène et d’assainissement, demeurent d’autant plus cruciales pour éviter de tels cas. Les organisations de base avec lesquelles PROTOS travaille, le CUSIC (association d’irrigants) et l’UDECOBEL (organisation communautaire) travaillent à la sensibilisation de la population. PROTOS a par ailleurs effectué une demande de réquisition d’Aquatabs ©, HTH, sérum de réhydratation et savon auprès de la DINEPA pour les distribuer sur Croix de Fer et Belladère en collaboration avec la mairie et la direction départementale de l’agriculture. Belladère étant considéré comme zone de prévention et pas comme zone prioritaire, seul le savon est mis à notre disposition jusqu’à présent. Ce 28 octobre, nous avons délivré 8,000 barres de savon (1 barre/personne/semaine) au dispensaire de Croix de Fer et à la DDA de Belladère (possiilité de stockage). La mairie et les organisations de base sont chargées de la distribution aux personnes.

Par l’intermédiaire des médias locaux, les personnes sont informées sur la fabrication d’un sérum de réhydratation à l’aide d’eau traitée, de sucre et de sels.

Les USA, le Canada, l’Espagne, la Belgique et la France ont entre autre envoyé des missions médicales, du matériel de traitement de l’eau ou de réhydratation ainsi que des dons monétaires.

De manière plus humoristique, on a même entendu sur les radios que les Haïtiens étant en général très chaleureux, il fallait arrêter de se faire la bise à tout bout de champ !

Il est difficile de faire la part des choses entre désinformation et réalité, mais cette situation n’est pas la conséquence directe du séisme comme certains médias français ont pu l’annoncer. Il est intéressant de noter au passage qu’aucun média international ne parle de la piste étrangère comme source du problème, ce qui est pourtant vraisemblable vu l’absence du choléra depuis un siècle. Les autorités haïtiennes, ont-ils vraiment tort quand ils se posent des questions sur la gestion des excréta des camps MINUSTAH partout dans le pays ?

Pour conclure, nous pourrions vous dire que nous n’avions définitivement pas besoin de cela alors que les cyclones avaient épargnés le pays (la saison a été pourtant exceptionnellement forte) jusqu’à présent. Mais là, je crois que même le concept de résilience des Haïtiens tant de fois loué depuis des décennies et surtout après le séisme, n’a plus vraiment de sens…






lundi 11 octobre 2010

t'as le vodou ou quoi?

N'ayez pas peur!!!Je suis allez donner à boire aux guédés qui se cachaient derrière cette porte pour qu'ils nous laisse tranquilles... Je suis aussi allez visiter le temple de Jean Dantor, Erzulie la belle et d'autres loas que j'ai oubliés. Il faut dire cette cérémonie date d'il y a un petit moment.
Il s'agissait d'une cérémonie de la société Dereal, près de Port au Prince.




Le boeuf très paisible. Sait-il qu'il va y passer? Avec des yeux très vodouesques, n'est ce pas?

le poto mitan; remarquez les petits bouts de crépon au plafond, on se croirait presque un 14 juillet




Un nouvel habitant

Lasse de voir des rats s'en donner à cœur joie dans ma cuisine et dans ma chambre et dans mes placards, et ne pouvoir les attraper dans les pièges trop petits pour leur taille très respectable; nous avons de nouveau adopter un chaton, mais qui est une femelle cette fois-ci, ce qui limite le risque de vagabondage mais me donnera sûrement l'occasion de la voir pleine au moins une fois d'ici à ce que je parte.
En même temps, je vous dis çà mais je l'ai eu un week end et elle était très craintive et après je suis partie dans le NO; donc qui sait si elle aura survécu jusque là!
Je l'ai appelée Chaplin car elle le bout du museau noir.

samedi 25 septembre 2010

Comme un déjà vu

Vendredi, 15h, le ciel se couvre d'un seul coup, un petit coup d'œil au site météo, à celui du centre de suivi des cyclones. Aucune grosse perturbation n'est indiquée. Une grosse pluie, de quoi créer de gros bouchons en ce début de week-end mais rien de bien méchant.
Mais la pluie n'arrive pas, à la place, des rafales de vent, des portes qui claquent et tout d'un coup des trombes d'eau. 30 minutes de tempête, comme un souvenir fugace des cyclones de 2008.
On ferme bien les fenêtres, on s'en éloigne pour ne pas être blessé si le verre se brise, on voit les branches tombées et je regarde avec crainte, le pin immense du voisin en espérant qu'il ne tombe pas.

Beaucoup d'arbres sont tombés, des panneaux publicitaires, des pylônes électriques....
dans les camps, c'est la panique, les tentes s'envolent, prennent l'eau, on cours dans tous les sens cherchant un abri mais craignant une secousse car maintenant dans l'esprit de chaque haïtien, catastrophe naturelle = tremblement de terre.
5 personnes sont décédés à cause des chutes d'arbres et plusieurs cinquantaines sont blessées.
Ce n'était qu'une tempête et les craintes de dégâts dans les camps ont été entrevues comme un signal d'avertissement? La saison cyclonique est en effet importante mais tous les cyclones ont pour l'instant épargnées la plupart des îles...Espérons que cela reste ainsi.

samedi 18 septembre 2010

çà avance

Aujourd'hui j'ai découvert la nouvelle attraction de la zone métropolitaine: Giant.
Giant c'est le nouveau supermarché de Pétion Ville avec parking sous terrain, 2 étage et ascenseur pour passer de l'un à l'autre. Récemment c'est devenu l'un des rares endroits où on peut acheter du Barbancourt 5 étoiles.
Tout y coûte un bras et on a du mal à se balader dans les allées entre les caddies-voitures pour mettre à la fois tes courses et ton gamin.
Ceci est donc la preuve par A+B qu'Haïti se reconstruit, n'en déplaise aux mauvaises langues, celles entre autre du million et quelques d'Haïtiens vivant encore sous des tentes. Comme quoi les priorités ont clairement été posées...
A ce rythme ma schizophrénie entre mon style de vie et la situation du pays va suivre une courbe exponentielle...

Politique et développement

Politique et développement

Mine de rien, non contente de faire des aller-retours entre le Nord Ouest et le Plateau Central, j’en oublierai presque que j’ai aussi un 3ème fief, la plaine de l’Arbre. Dit comme çà, on imagine les paysages d’Avatar mais en vérité c’est très Chlorox comme le dit César. Chrlorox c’est la marque de chore qui sert aussi bien aux ménagères, lavandières que pour potabiliser l’eau. Et donc oui le Haut Artibonite et la plaine de l’Arbre est particulier peuvent être plus déserts, plus secs et plus perdus que le NO. Quoi de mieux qu’un week-end à rien faire dans le NO que d’organiser une visite de terrain de l’autre côté (ah oui c’est juste de l’autre côté de Moustiques, où je bosse). Rendez-vous était donc pris avec l’ingénieur Enock pour qu’ils viennent me chercher. Et là, dès la rentrée dans la voiture, l’ambiance est donnée : OK le Haut Artibonite c’est Chlorox mais avec de l’alcool, une donnée qui manque assez cruellement à Moustiques. Bon si çà aide le chauffeur à franchir les mornes et éviter les trous sur la piste, pourquoi pas…Direction, sources chaudes, la bien nommée à cause des différents sources chaudes et soufrées. Au début du siècle, des cures y étaient encore organisés et l’eau de source était vendue en bouteille. Maintenant, nous pouvons profiter d’une piscine en plein air d’eau chaude. Bon c’est pas autant appréciable qu’un bon bain chaud après une journée sur des skis mais çà détend quand même.







l'étendoir à linge

La première nuit a été assez difficile entre la disco du bar-restau-hôtel « chez Manou » où nous dormions, les camions qui débarquent de Gonaïves à 2h du mat et les évangélistes qui beuglent à 4h du matin à grand renfort de tambour.

Au programme de la visite :

- les travaux de réhabilitation des infrastructures d’irrigation après les dégâts des cyclones de 2008 (et oui j’étais déjà là)

- visite d’autre périmètres irrigués sur lesquels nous allons peut être travaillés à partir de janvier prochain (paraît que le gouvernement Belge n’est pas mort malgré tout…)


Bon, les travaux de réhabilitation… Evidemment je ne suis pas ingénieur civil mais les structures me semblent déjà un peu affaiblies après quelques crues. « Durabilité, durabilité, …est-ce que j’ai une gueule de durabilité ? », le Seuil dans Barrage du Nord. Je suis vraiment fatiguée de devoir faire des travaux 2ou 3 fois avant d’arriver à un truc durable. Pourquoi, on ne peut pas y arriver du premier coup.



Pour le reste, on n’a pas vraiment de budget pour des infrastructures dans le prochain projet. Heureusement car ce qui bloque surtout c’est le SOCIAL, le comité d’irrigants qui piquent du fric mais font pas les travaux, bref de la rigolade en perspective (enfin surtout pour mon successeur, hihihi !). Bon, les mecs sont toujours là à se plaindre du moindre petit problème sur le canal. Euh les gars, vous savez qu’on est en région aride dans un pays avec peu de moyens et que vous avez des canaux en béton en état acceptable après 20 ans ??? En Haïti, l’irrigation gravitaire c’est en effet beaucoup de canaux en terre.

Mais, le plus intéressant dans cette visite a été les multiples pauses/arrêts avec des comités d’irrigants ou d’autres habitants de la zone pour parler développement bien sûr mais aussi et surtout politique. Et oui, on en oublierait presque que les élections de Novembre sont des élections générales et qu’on élit aussi les députés (presque 1 par commune soit une centaine pour 8 M d’habitants) et un tiers du Sénat. Et il se trouve justement que l’ingénieur Enock est un enfant de la zone et qu’il se présente pour devenir député. Inutile de vous dire, qu’il est totalement confiant quand à son élection. Alors avec son équipe, ils comptent le nombre de voix minimal qu’il leur faut par localité. Son équipe est composé de son neveu et de deux de ses cousins dont un souhaite devenir maire lors des municipales repoussées au début 2011. Des leaders ralliés à leur cause organisent même des sondages dans les villages !

Alors çà distribue des tracts, des tee-shirts, çà promet 2-3 sacs de ciment par ci, par là pour acquérir des voix (je suis une pratique qui consiste à s’assurer des votes par de l’argent ou d’autres faveurs, je suis, je suis…). Et c’est là que les projets de développement entre en jeu, surtout quand ils sont portés par une blanche. Quel meilleur argument de campagne que de s’enorgueillir d’avoir participé à un projet qui a permis le développement de la filière échalotte (et oui çà tient pas à grand-chose une victoire…). De là à dire aux électeurs que c’est grâce à lui que le projet est arrivé ici et que c’est grâce à lui qu’un nouveau projet verra le jour, il n’y a qu’un pas. Enock n’est pas une mauvaise personne en soi mais je m’interroge sur les risques de cette récupération politique de notre travail.


4 configurations :

- projet OK + Enock élu : Tout va bien mais Enock restera-t-il impartial dans son travail?

- projet OK + Enock pas élu : L’une des options les sûres quoi qu’un appui politique est toujours un avantage…

- projet refusé + Enock élu : cela peut mal tourner pour Enock selon ce qu’il a promis aux gens

- projet refusé + Enock pas élu : on est tous perdants

Ils m’ont ramené dimanche matin très tôt. Nous avons quitté Sources Chaudes à 4h, soit une heure après que la disco du samedi soir (qui sert d’école dans la semaine) ferme.

Et là pour nous bercer au milieu des secousses de la piste, le chauffeur a décidé d’abandonner le kompa (ah oui la voiture avait une enceinte dans chaque portière) pour nous passer le best of de Michael Bolton. Il faut visualiser la scène : paysage désertiques au son des ballades du crooner qui sautaient quelque peu à chaque trou ou bosse, soit tout le temps. Pour ceux qui ne connaissent pas trop Michael Bolton c’est « missing you now », « when a man loves a woman », « how I am supposed to live without you », bref des chansons qui te donnent la patate ! Mais je crois que le pire c’est que je me suis rendue compte que je connaissais plus qu’une chanson.

Si non quelques pluies mais les cyclones (souvent de force 4) épargnent la plupart des îles des Caraïbes. Cela ne m’empêche pas de marcher près d’une heure dans la boue et sous la pluie avec mon ordi sur le dos après que le moto-taxi qui m’a fait tomber deux fois m’ait lâchement abandonnée sur la piste à la vue du ciel gris.

Je vous ai dit à quel point j’adorais mon boulot ?