jeudi 12 mars 2009

Et la lumière fut

L’histoire se passe dans une grande ville d’Haïti, où la lumière rythmait la vie de ses habitants les plus pauvres qui organisaient leurs activités dans la journée et se dépêchaient de rentrer chez eux le soir tombé de peur de se faire attaquer par de loas suceurs de sangs qui se déplaçaient dans de gros chars projetant du feu pour se frayer un passage car c’est bien connu, la nuit, tous les Haïtiens sont aussi noirs que l’obscurité qui les entoure.
Cependant, la fée électricité dans sa grande injustice avait décidé d’accorder à certains la possibilité de recevoir de la lumière comme en plein jour. Mais la fée était capricieuse et pouvait donner ou reprendre le feu sacré à tout moment sans avertissement, ce qui rendait bien mécontents les gens. Certains avaient même décidé de vendre leur âme au diable Delco, qui envoyé alors un de ses sbires dans les maisonnettes pour donner aussi de la lumière dans d’un boucan d’enfer (c’est le cas de le dire). Ces loas exigeaient d’ailleurs un sang bien particulier, non pas rouge mais jaune et transparent, huileux et pestilentiel que les familles payaient bien cher.
Mais un jour la fée se fâcha de ces infidélités et choisit une maison au hasard et décidé de couper net toute relation avec ses occupants. Ceux-ci connaissant les sauts d’humeurs de la vieille bique, ne se méfirent pas les premiers jours. D’autant plus que la première panne arriva le premier soir du carnaval, période de léthargie pour toute activité un temps soi peu productive (sauf peut être les activités reproductives mais çà c’est une autre histoire). Au bout d’une semaine, ils commencèrent à sentir que l’anguille n’était pas sous une roche mais plutôt sous un bloc de plusieurs mètres cubes ; surtout quand ils réalisèrent que la fée continuait à fournir à profusion leurs voisins. Ni une ni deux, ils décidèrent de contacter les lucioles, une sorte de service technique plus ou moins efficace créé par la fée. Les lucioles, bien que volontaires, souffraient des coupures financières drastiques opérées par la fée et ne trouvaient souvent aucun combustible pour se déplacer auprès des laissés pour compte de la fée. Ne voulant pas se laisser abattre, ils continuèrent sans relâche à harceler ces pauvres lucioles.
Un soir, ils perçurent un léger bruit comme une feuille qui effleurerait le portail. Il faut dire que les sbires Delco refusant à tout prix d’être évincés par la fée, faisait tellement de bruit que toute communication avec le monde extérieur en résultait impossible. De plus, le gardien, chargé d’ouvrir le portail lorsqu’une âme perdue frappe ou un char sonne à l’entrée, avait une fois de plus fait preuve d’une efficacité bien commune à tous les gardiens qui gardent tellement bien les lieux que personne ne peux y entrer même pas les propres occupants vu qu’ils ne dédaignent même pas bouger leurs fesses pour venir voir qui est à l’entrée… Mais je m’égare.
Les occupants se demandèrent alors qui pouvait bien les visiter à cette heure si indue (19h00 du soir). Leurs yeux s’étant habitués à l’obscurité depuis des semaines, leur vue perçante leur indiqua la venue miraculeuse et impromptue des lucioles. Le diagnostic fut sans appel, on avait saboté le boîtier magique qui recevait les précieuses ondes distribuées par la fée. Encore des voisins jaloux de leur réussite se dirent les occupants et qu’ils leur avaient jeté un sort ! Le lendemain, les occupants coururent toute la ville pour trouver un nouveau boîtier avec des dimensions bien spéciales comme leur avaient dit les lucioles, qui les avait avertis de se méfier des boîtiers communs fabriqués par les chinois et qui allaient leur péter à la gueule en moins de deux. Hélas, mille fois hélas, pas de boîtier magique, que faire ! Heureusement, les lucioles leur donnèrent un tuyau : VC, parc de la canne à sucre.
Et la lumière fut.

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