mercredi 8 décembre 2010

Sons et lumières

Port au Prince, çà tire, çà crie.
Non ce n'est pas encore Noel ou la nouvelle année.
Nous sommes le mardi 7 décembre, 22h00. Les résultats préliminaires des élections viennent d'être publiés.

Après plus de 2 heures de retard, le porte-parole du conseil électoral annonce d'abord les résultats pour les députés et sénateurs puis vient enfin les résultats des présidentielles.
Déjà quelques heures que la tension est palpable, tout le monde a voulu rentrer chez lui avant 18h, comme si les résultats avaient pû être annoncés à l'heure...Des blocus monstres. Depuis 18h, nous sommes tous collés à nos postes de radio pour attendre quoi? Une révélation? Malgré les papiers dans la presse internationale, chacun sait au final que les résultats sont en contradictions avec ce qui a été annoncé.
les rumeurs courent depuis une semaine. c'est le problème à devoir attendre des résultats (préliminaires), çà laisse le temps de lancer des rumeurs.

C'est comme assisté à une pièce racinienne:
acte I: cris à la fraude
acte II: les candidats les mieux placés acceptent finalement de ne pas demander l'annulation. Accepter de rentrer dans ce système pourvu qu'on a des chances de gagner...
acte III: le candidat adoubé parle enfin à la presse et rappelle qu'un candidat n'a pas le droit de manifester avant la publication des résultats. Aucune importance pour les candidats à 1% mais cela s'adresse aussi à quelqu'un de bien placé. En gros, créer la peur
acte IV: lever de rideau; le candidat du parti présidentiel passe au deuxième tour avec seulement 6000 voix d'avance sur le candidat populaire. Surtout quand on sait que seul 22% de la population a voté. Etonnant, non?
5500 observateurs nationaux avaient pourtant donné une idée différente des deux candidats qui seraient au deuxième tour. 5500 observateurs dans le pays depuis plusieurs mois, payés une fortune et qui n'ont surveillé le dépouillement que de 1600 bureaux de vote. Avec un peu de chances les seuls 1600 bureaux de vote où il n'y a pas eu de fraudes (ben oui vu qu'ils étaient là, on a joué la comédie pour leur faire croire que tout allait bien)

Il est maintenant 21h30-22h et les coups de feu commencent à être tirés. Des barricades sont installées un peu partout, on brûle des pneus, on arrache les affiches du parti présidentiel...
La nuit va être longue.
Il est 22h et les radios et télés retournent à leur programme habituel: l'attaché de presse est parti de suite après avoir déblatéré les résultats, les journalistes n'analysent pas les résultats.

Il est 22h et la télévision nationale Haïtienne diffuse un concert de Michèle Torr.

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