dimanche 20 juin 2010

Haïti, 5 mois après

Bientôt 6 mois depuis le séisme. En attendant le nouveau flot de journaliste venus voir ce qu'il se passe 6 mois après, voici quelques éléments peut être pas mis en avant sur les médias.

Expertise des bâtiments

Des ingénieurs du ministère des travaux publics ont été formé par des américains à une méthode japonaise (???). Ils ont visité chaque maison et affichent leur verdict sur le portail ou le mur:

- rouge: interdiction d'y entrer, en même temps quand il ne reste plus qu'un poteau, c'est sûr qu'on risque pas d'y entrer!

- jaune: des travaux sont à faire
- vert: RAS, vous pouvez rentrer chez vous en toute sécurité

C'était la première étape de la reconstruction car aucune autorisation de construire ne peut être donnée avant la fin de l'expertise. Cette étape est terminée ou presque mais le plus inquiétant c'est qu'apparemment, rien n'a vraiment été décidé sur la reconstruction: où, comment? Aucune nouvelle d'un plan d'aménagement urbain si ce n'est ces magnifiques paroles du Ministre des Finances: PAP regardera vers la mer alors qu'elle lui tournait le dos (resort à la dominicaine pour touristes, all inclusive): il y aura de l'électricité 24h/24; des feux tricolores, et les marchandes disparaitront des trottoirs et des rues. I have a dream...

les camps se pérennisent

Deuxième problème: le déblaiement est à la charge des particuliers et cela coûte bonbon. Les Haïtiens attendent que des organisations les aident pour çà. Ceci explique que beaucoup de gens dans les camps ne veulent pas retourner chez eux alors qu’ils pourraient. Et puis quitter le camp c’est dire adieu à l’eau, la nourriture, les soins médicaux gratuits. Pas cons les Haïtiens, ils utilisent le système que des pauvres blancs naïfs ont mis au point. Et oui car même si toutes les organisations incitent les gens à partir, nous avons des remords à les expulser manu militari. Vous pouvez donc maintenant manger ou dormir dans des établissements haute classe de Pétion-Ville dans l'ambiance des effluves de latrines et déchets des camps juste à côté de vous.

La sécurité dans les camps n’a jamais été géniale surtout pour les femmes mais depuis peu, on éventre des tentes pour voler au Champ de Mars (place en bas la ville avec l’ancien palais national) alors que ce camp est un des seuls allumés toute la nuit car l’Ambassade de France (qui donne sur la place) s’est engagé à payer l’électricité.

Mais bon ne soyons pas trop pressé, la phase de reconstruction commence en juillet comme l’a dit le gouvernement, en pleine saison des pluies, nickel chrome niveau calendrier avec une saison cyclonique qui a commencé officiellement le 1er juin et qui a été prévue comme l’une des plus violentes de ces dernières années, yahoo !!!!!!!!!!

Et le plus triste c'est que les Haïtiens se plaignent certes mais ne se rebellent pas, ils ont une fois de plus baissés les bras face aux belles paroles qui ne restent que des promesses.

Sinon, gros baby boom spécial « y a rien d’autre à faire dans des tentes » prévu d’ici 6 mois. Toutes les femmes ou presque sont enceintes. Entre autre car la stratégie pour une famille (souvent nombreuse) a été de séparer pour squatter une tente dans plusieurs camps pour capter un max d’aide (qui ose encore dire que les Haïtiens sont idiots malgré leur médiocre éducation) et comme un jeune de 15 ou 18 ans ne peut rester seul dans une tente, il prend une nénette pour faire croire que sa femme et bon, autant jouer le jeu à fond… Le seul hic c’est que soit d’ici 6 mois on remet sur pieds des maternités/hôpitaux (avec soins gratuits, faut pas rêver) ou alors, çà va être le bordel…Alors avis aux familles en Occident, gros arrivage de petits haïtiens à adopter.

Sinon, tout le monde dans les camps veut une télé pour regarder le mondial (rien à foutre de la saison des pluies, des moustiques, de la typhoïde et du palu) qui avec le décalage horaire tombe en pleine journée donc je prévois une productivité nationale quasi nulle entre le 11 juin et le 11 juillet.

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