On dirait que je suis un peu dans ma période coup de gueule et posts qui paraîtront sûrement ennuyeux pour la plupart des lecteurs. Mais bon çà sert à ça aussi un blog non ?
Haïti est certes un des pays les plus pauvres du monde, en tout cas de la zone caribéenne mais aussi le pays le plus libéralisé, il y aurait-il un lien de cause à effet ??? A vous de juger et comme je travaille dans l’agriculture, quoi de mieux que de montrer les effets de la libéralisation sur le monde agricole haïtien.
En entrant dans l’OMC, Haïti a du respecter certaines règles. Parmi ces règles, la baisse des tarifs douaniers. Les tarifs douaniers sur le riz sont passés de 50% à 3% en 1995. Cependant, l’OMC a fixé des tarifs douaniers maximaux applicables, notamment pour les produits agricoles, un taux de 50%. Ainsi, Haïti ne serait pas en faute si elle décidait d’augmenter ses tarifs douaniers…
La baisse des tarifs douaniers a entrainé une importation massive de riz avec un taux de croissance de plus 2200% !!! Haïti est aujourd’hui le 4ème marché pour le riz américain. Cette tendance profite évidemment aux importateurs de riz et aux propriétaires des minoteries, qui peuvent ainsi financer des méga-chars pour le carnaval…
Le paradoxe est qu’avec les faibles tarifs douaniers et les subventions américaines, ce riz importé est moins cher que le riz local. Les subventions perçues par les riziculteurs américains en 2003 couvraient 72% des coûts de production. Afin de ne pas être accusée d’anti-américanisme primaire, je me permettrais de rappeler que les agriculteurs français qui touchent le plus de subventions sont bien les riziculteurs camarguais.
On pourrait s’attendre à ce que la baisse des tarifs douaniers ait aussi entraîné une baisse du prix du riz local. Que nenni ! les prix du riz local n’ont pas suivi la couvre descendante des prix internationaux et tout le bénéfice de la libéralisation agricole est resté aux mains des importateurs.
Les impacts sur la production nationale sont indiscutables : en 20 ans, la production rizicole nationale a baissé de 40%. Une étude d’OXFAM a montré que la vallée de l’Artibonite, grenier à riz du pays est aujourd’hui une des zones où la malnutrition est la plus importante (50% des enfants).
Mais alors que les gros bailleurs comme la BID finance des projets d’envergure pour réhabiliter les infrastructures d’irrigation, aucun d’eux n’a jamais suggéré au gouvernement d’augmenter les tarifs douaniers…
On pourrait raconter la même histoire sur le sucre, la filière porcine et avicole.
1 commentaire:
En même temps, maintenant que l'on connaît le goût du riz de l'Artibonite...;)
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